Valse avec ma fille.
3h30 du matin, un tremblement me reveille et c’est une secousse plus violente que celles que j’ai connu jusqu’a present au Chili. Je me precipite dans la chambre de ma fille pour la prendre dans mes bras et je rejoins ma femme a la porte d’entrée.
On reste la, tous les trois sous la poutre maitresse, un moment. Seulement deux minutes, peut-etre trois, bref une eternite. Tout bouge autour de nous avec en stereo, la vaisselle qui casse d’un cote et les sirenes d’alarme de l’autre. Ma femme me racontera plus tard qu’elle avait l’impression que je dansais avec notre fille dans les bras.
La Peur puissance trois
A cet instant précis, des milliers de pensees vous traversent l’esprit. Les images d’Haiti. Les corps qu’on decouvre sous les decombres. La peur qui vous prend le ventre. Une peur qui s’etend aux deux etres les plus chers de votre vie, blottis contre vous. Chaque seconde qui passe vous rapproche de l’idee qu’un mur va se fissurer et que vous ne savez pas ce qui va se passer après.
Et puis tout se calme enfin. Le tremblement est passé. L’adrenaline est toujours la et on inspecte l’appartement, pour voir l’ampleur des degats ; des meubles qui se sont deplaces, une cuisine en vrac et une canalisation d’eau qui commence deja a creer une petite inondation dans mon atelier.
Fort Boyard.
On cherche a fermer la vanne d’arrivee d’eau. Mais on est sans lumiere, nos deux lampes torches ne fonctionnent pas, evidemment. Plus de reseau telephonique evidemment. Je descend trouver le remplacant de notre concierge en vacances evidemment. J’oublie mes cles pour ouvrir la grille en bas, evidemment, les minutes passent et l’eau s’etend evidemment. Les compteurs electriques sont sous cadenas et le remplacant du concierge me tend un trousseau d’une trentaine de cles…
J’ai l’impression d’etre dans un mauvais episode de fort Boyard.
Finalement, on cassera le cadenas au marteau.
L’eau continue d’inonder un tiers de l’appartement, les tapis en absorbent une partie
On essore le reste jusqu’a 6 heures du mat et on bricole avec un tuyau d’arrosage, une evacuation de l’eau par la fenetre de mon atelier.
Entretemps, une replique nous surprend a nouveau, je me precipite dans la chambre de ma fille qui s’etait rendormie. Mais cela se termine assez vite. Fausse alarme, tant mieux.
Il faut vider toutes les 5 minutes des bacs d’eau a cause d’une jointure approcximative.. jusqu’a 13 h ou 14 h, jusqu’a ce que le reseau telephonique revienne, jusqu’a l’arrivee du responsable de l’immeuble qui nous aide a fermer l’arrivee d’eau.
Les repliques qui ne manqueront pas de rythmer les heures suivantes me permettent de me rendre compte combien ce tremblement de terre restera en moi comme un tatouage sur la peau :
la moindre petite secousse et tous mes sens sont en eveil. Une energie qui vous saisit la nuque et vous met le palpitant a 200.
Un moindre probleme quand on regarde le reste du pays ou l’epicentre a ete le plus fort. Chez nous, finalement on s’en est bien sorti.
Merci pour tous vos messages. On vous embrasse.
dimanche 28 février 2010
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6 commentaires:
ouh lala comme tes mots sont forts et a la fois mesures pour nous permettre de nous rendre compte du ressenti. A San Francisco chaque fois que la terre bouge qq part dans le monde , on attend que ce soit notre tour..avec apprehension ...
remettez vous de toutes ces emotions en prenanrt soin de vous. Bisous a la puce et a vous deux de nous 3
A Panorama, émus, on pense à toi, à vous trois, tes dessins sur Haïti en mémoire.
Christophe
Coucou Olivier,
une petite pensee depuis la France - tu nous fais trembler avec toi. J'espere que tout ton monde va bien, corps et ames.
Amicalement.
Brrr! ça fait froid dans le dos! J'espère que vous n'aurez pas à revivre trop souvent ce genre de moments! Evidemment à Paris, on est plus tranquille de côté-là!
Bises à vous tous et plein de pensées à tous ceux qui en ont encore plus besoin!
Fabienne
Bonjour, je suis franco-chilienne, votre récit et très fort et émouvant, je me permet de poster ici car beaucoup d'activités sont en train de s'organiser ici en France pour venir en aide aux victimes.
Jeudi 25 mars, un Grand Concert de Solidarité aura lieu à l'Unesco à Paris.
J'espère que vos amis viendront nous soutenir.
Fuerza Chile!!
la date de ce concert va etre diffuse dans mon reseau personnel ; pas de soucis la dessus! Dommage que ce ne soit pas en avril : Libe me demande deux pages de BD sur ce sujet a paraitre en debut de mois prochain!...
fuerza Chile!
Olivier
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